crise hydraulique et Dametis
Parole d'experts

Industriels : Quelles solutions pour tendre vers la sobriété hydrique ?

Publié le : 30 mai 2023

En 2022, la France était de nouveau frappée par la sécheresse. Ce phénomène est amené à se répéter et à se durcir. En conséquence, les entreprises doivent s’adapter pour limiter leur consommation d’eau et ne pas être mises à l’arrêt. De l’optimisation du nettoyage en place en passant par un logiciel prédictif, tour d’horizon des solutions proposées par Dametis avec Alexandre Sailer, Responsable commercial Travaux chez Dametis.

« Les entreprises face à la réalité d’une France semi-aride », titrait Les Echos[1], en août 2022. Sept mois plus tard, en mars 2023, le président Emmanuel Macron présentait son « plan eau », fixant un « cap de 10% d’économies d’eau », d’ici 2030[2]. Les entreprises sont au cœur du changement. En 2018, les industriels et le monde agricole consommaient 5,4 milliards de m3 d’eau douce par an. Pour Alexandre Sailer, « face aux risques de pénurie, les entreprises doivent diminuer leur consommation d’eau ». Un défi de taille, mais pour lequel des solutions existent. Voyons comment tendre vers la sobriété hydrique.

La sobriété hydique : c’est quoi ?

Le terme sobriété hydrique est de plus en plus utilisé, mais que ce cache-t-il derrière ? La sobriété fait référence à la modération et l’adjectif hydrique se réfère à l’eau. La sobriété hydrique désigne donc tout simplement une limitation de la consommation d’eau. A travers cet article, nous allons voir comment les industriels peuvent mettre en place ce principe de sobriété hydrique.

I. Cartographier son usine pour la mesurer et maîtriser

« On ne maîtrise que ce que l’on mesure », souligne Alexandre. Ainsi, sa première préconisation pour réduire sa consommation d’eau est… de la connaître. Il faut « disposer d’une cartographie des usages de l’eau dans son entreprise afin d’en comprendre le fonctionnement. On peut ainsi cibler les rejets et les besoins. »

Le logiciel collaboratif et prédictif MyDametis [3] permettant de disposer des datas de son entreprise, 24/7, sur une seule interface permet la mise en place de cette cartographie. Cet outil accélère la prise de décisions, permet une amélioration concrète sur les indicateurs de performance et donc améliore la maîtrise de la consommation d’eau.

« Avec les données récupérées, nous avions fait le constat, auprès d’un de nos clients, de plusieurs pertes ; des vannes n’étaient pas fermées, des machines hors d’usage continuaient pourtant de consommer de l’eau… Ce constat a permis d’apporter des solutions. La quantité d’eau utilisée a ainsi été divisée par deux. »

II. Réaliser des travaux pour corriger

Cet outil permet également de corriger les pratiques ou habitudes et peut donc amener à la mise en place de travaux. Par exemple, ajuster des consignes sur les machines, colmater des fuites, supprimer le refroidissement des eaux perdues. La mise en place de travaux d’optimisation peuvent être également entrepris comme le bouclage de certains usages. Par exemple, une eau qui a servi à refroidir des garnitures de pompes peut entrer dans la composition d’une recette de fabrication de pâte à papier.

Plusieurs entreprises utilisent déjà MyDametis dans ce sens, telles que Agromousquetaires Lactalis et un autre groupe international d’agroalimentaire.

III. Optimiser le nettoyage en place pour diminuer les consommations et la pollution de l’eau

Pour apporter encore davantage de réduction d’eau[4], le nettoyage en place (NEP) doit être optimisé. Ce procédé est le plus couramment utilisé dans les secteurs de l’agroalimentaire et des cosmétiques. Il permet de nettoyer les équipements sans les démonter. Cependant, cette méthode est coûteuse en temps et en eau. Or, « une surconsommation d’eau a plusieurs conséquences », rappelle Alexandre Sailer. « Certes, il y a le coût économique de l’eau, mais c’est bien plus complexe. Cela va demander plus d’énergie, davantage de personnel, occuper du temps d’ouverture de ligne, et solliciter plus que de raison le système de traitement des eaux. »

Dametis optimise ce nettoyage à l’aide de trois principes fondamentaux : Reduce, Reuse et Recycle (Réduire, réutiliser et recycler). Pour y arriver, nous disposons de trois outils : BarCIP, pour analyser le fonctionnement du NEP ; OptiClean, pour mesurer son efficacité et réduire le temps de lavage, et Green CIP pour réutiliser les solutions lessivielles à l’infini. Ces outils sont développés en partenariat avec Elodys et son fondateur Olivier Barrault qui rappelle «se focaliser sur la décarbonation sans prendre l’eau en compte, c’est ne voir que la partie immergée de l’iceberg ».

IV. Une station d’épuration performante pour tendre vers la sobriété hydrique

MyDametis et les outils mis en place pour perfectionner le nettoyage en place permettent de réduire la quantité d’eau usée et, ainsi, la quantité d’eau à rejeter en milieu naturel. « Cet équipement consomme entre 3 et 6% de l’énergie totale d’un site », rappelle Mathias Welschbillig, expert sur l’environnement. C’est un premier pas vers la sobriété hydrique.

Toujours dans le cadre d’une transition environnementale, Dametis propose d’analyser et d’améliorer l’efficacité de la station d’épuration, afin de réduire son coût et sa consommation d’eau, mais aussi d’installer un module de méthanisation. Un investissement aux bénéfices multiples puisqu’il permet de produire du biogaz, une énergie verte, de réduire la quantité d’effluents, et de revendre la boue issue de la méthanisation comme fertilisant pour les agriculteurs.

V. L’optimisation et le recyclage, aujourd’hui freinés par la réglementation actuelle

« Une fois la consommation réduite, il faut penser à la réutiliser », résume Alexandre Sailer. Actuellement, « moins d’1% de ses eaux usées réutilisées […], la France fait partie des mauvais élèves : la moyenne européenne se situe autour des 7% », rappelle un article de Challenges, intitulé « Eau : l’industrie va aussi devoir se convertir à la sobriété hydrique », publié en janvier 2023[5].

Or, ces mesures impliquent aussi « un accompagnement de l’Etat », préconise Alexandre Sailer. « Actuellement, pour pouvoir réutiliser toute l’eau de son usine, il faut une sécurisation extrême du process. Ce n’est pas impossible, mais c’est très difficile à mettre en place. Le gouvernement doit faciliter cela et accompagner les industriels avec des aides. L’administration doit aussi construire un cadre juridique et des contrôles réglementaires pour encadrer la responsabilité de l’industriel dans cette pratique. Il n’y a que comme cela que nous pourrons avancer rapidement. »